DE LA SÉCHERESSE À L’ESPOIR

Comment l’assistance de ARC à aider des milliers de personnes en Côte d’Ivoire (1ère partie)

African Risk Capacity Group
6 min readSep 2, 2021
Des habitants de Somelasou se regroupent pour une photo. ARC/Simon Pierre Diouf

En 2019, la Côte d’Ivoire a été confrontée à de graves déficits pluviométriques et à une sécheresse au cours de la saison agricole 2019/2020. Ces évènements climatique extrêmes ont touché principalement le Centre et le Nord du pays et ont laissé des milliers de personnes dans une situation de grande vulnérabilité. Pour pallier cette crise, la Côte d’Ivoire, État Membre de l’African Risk Capacity (ARC) depuis 2014, a bénéficié d’un décaissement de 738 835 USD en 2019 et d’un autre de 2 185 100 USD en 2020 afin de permettre aux populations vulnérables de ces régions de réaliser des activités génératrices de revenus, suite aux impacts négatifs de la sécheresse dont elles ont été victimes. Nous sommes allés au Centre la Côte d’Ivoire, à Bouaké, dans la région du Gbêkê, afin de rencontrer ces communautés. Voici leurs histoires.

Les fortes températures et l’humidité ambiante nous rappellent que nous sommes dans la saison des pluies qui concerne toute la moitié nord de Côte d’Ivoire de Juillet à Septembre. Aux portes de Bouaké, une forêt dense et luxuriante nous accueille. Avec un peu plus de 2 millions d’habitants, elle est une des villes les plus peuplées de Côte d’Ivoire et est caractérisée par une immigration venue principalement du Mali, du Burkina-Faso et du Niger.

Arrivés à Bouaké, nous prenons la direction du village de Somelasou, dans la sous-préfecture de Brobo. Sur le chemin, la forêt tropicale défile à vive allure. Après une heure de route nous apercevons les premières habitations du village. Nous sommes accueillis par Michel Amani, agent au centre social de Brobo. Assis sous un arbre, un groupe de personnes composé d’hommes et de femmes ayant bénéficié de l’assistance de ARC à travers le Gouvernement de la Côte d’ivoire, nous attends. Parmi ces personnes, Adjoua Koffi, se dirige, vers nous, d’un pas décidé. Veuve et cheffe de ménage d’une famille nombreuse, elle nous raconte comment l’argent reçu a contribué à améliorer ses conditions de vie.

Adjoua Koffi. ARC/Simon Pierre DIouf

« Je suis très content de vous voir. On m’a expliqué l’objet de votre visite et je peux dire que le soutien que j’ai reçu m’a vraiment sauvé la vie ainsi que celle de ma famille » déclare-t-elle.

« Non seulement j’ai eu de quoi nourrir mes enfants mais j’ai également pu faire le défrichage de mon champ et payer de nouvelles semences. Je suis maintenant plus autonome que par le passé » ajoute-t-elle.

Assise à même le sol, Adjoua Bamélé, écoute attentivement son amie et homonyme, raconter son histoire. Elle aussi a reçu 50,000 FCA pour faire face à la saison agricole 2019/2020 catastrophique.

Adjoua Bamélé. ARC/Simon Pierre Diouf

«J’ai utilisé 10,000 FCFA de l’argent reçu pour participer à un projet d’activité communautaire au sein du village. Le reste a servi à payer la scolarisation de mes petits-enfants qui habitent avec moi » nous dit-elle.

Certains membres de la communauté comme René Ndri Yao, 66 ans et père d’une famille nombreuse de 17 enfants voient l’assistance reçue comme une bouée de sauvetage.

René Ndri Yao. ARC/Simon Pierre Diouf

« Auparavant, j’utilisais l’argent de mes récoltes pour nourrir ma famille et payer la scolarité et les fournitures scolaires de mes enfants mais avec le déficit hydrique, ce n’était plus possible. Avec l’assistance reçue, je peux continuer à offrir un avenir à mes enfants, » déclare René, le regard grave.

René Ndri Yao et sa famille. ARC/Simon Pierre Diouf

« Grâce à l’assistance de ARC, nous avons pu sensibiliser les villages sur l’importance des projets communautaires. Dans chaque village suivi, les populations se sont cotisées pour mener des activités génératrices de revenus. Malgré les difficultés, ces projets ont contribué à renforcer la résilience des communautés et amorcé leur développement social » nous informe Michel Amani.

Michel Amani. ARC/Simon Pierre Diouf

A 5 kms de Somlaso, le village de Adikrofoundi a également subit de lourds dommages à la suite des longs mois de déficit hydrique. Caché au milieu des arbres, ce village est cité en exemple par plusieurs. Avec l’aide reçue du Gouvernement, ses habitants ont développé et mis en œuvre une activité génératrice de revenus qui leur a permis d’améliorer leurs conditions de vie. En diversifiant ainsi leurs activités, ils parviennent à pérenniser leurs sources de revenus et renforcer leurs capacités d’absorption et de résilience face aux différents chocs et stress liés au changement climatique.

Les habitants d’Adikrofoundi. ARC/Simon Pierre Diouf

En échangeant avec Clémentine Kouakou et Awo Nguessan nous en apprenons plus sur une initiative qui a montré la solidarité et l’unité au sein de cette communauté.

« Après la terrible sécheresse que nous avons vécu, il fallait s’organiser pour survivre. C’est alors que nous avons eu l’idée d’acheter des chaises en plastique et une bâche et de les faire louer durant les cérémonies pour accroitre nos revenus. Nous avons tous travaillé ensemble et aujourd’hui, chacun de nous a pu soit accroitre son champ, acheter des semences ou s’occuper des besoins de sa famille » nous dit Clémentine Kouakou.

Clémentine Kouakou. ARC/Simon Pierre Diouf
Clémentine Kouakou et ses amies posent fièrement devant les chaises en plastiques achetées par le village. ARC/Simon Pierre Diouf

« Sur les 50.000 FCFA reçus, j’ai donné une cotisation de 10.000 FCFA et j’ai utilisé les 40.000 FCFA restants pour lancer mon commerce de vente de savons et de gâteaux. Grâce à cela, j’arrive à avoir un bénéfice de 1000 à 1500 FCFA par jour que j’utilise pour gérer ma maison » ajoute-t-elle.

Awo Nguessan aussi a pu développer ses affaires. Il y a de cela quelques mois, elle vendait du riz et jusqu’à 4 litres d’huile par mois au marché mais grâce à l’argent qu’elle a reçu et qu’elle a investi, elle arrive maintenant à vendre encore plus de riz et près de 25L d’huile. Cela a nettement amélioré sa situation sociale et son intégration au sein du village.

Awo Nguessan. ARC/Simon Pierre DIouf

A 3 kms du village, Sébastien Kouamé Koffi, habitant lui aussi à Adikrofoundi, nous accueille dans sa parcelle de tomate.

Nous le retrouvons, en train de retourner la terre et d’inspecter sa future récolte. Sébastien est très fier de son travail. Un grand sourire aux lèvres, il nous montre les tomates qui déjà commencent à mûrir.

Sébastien Kouame Koffi. ARC/Simon Pierre Diouf

« Dans 2 à 3 semaines, je devrais pouvoir commencer ma récolte. Ça n’a pas du tout été facile d’en arriver là mais aujourd’hui je peux apprécier le résultat de mon travail» nous dit Sébastien.

Sébastien Kouame Koffi. ARC/Simon Pierre Diouf

Après avoir reçu l’assistance de ARC, il a lui aussi participé au projet communautaire à hauteur de 10.000 FCFA et a utilisé le reste de l’argent pour acheter des semences, des produits phytosanitaires et de l’engrais. Il a aussi agrandi son champ pour, nous explique-t-il, « doubler sa récolte et ses revenus».

Sébastien montrant fièrement ses tomates. ARC/Simon Pierre Diouf

La parcelle de tomate de Sébastien est vaste et sa future récolte semble prometteuse. Ses sacrifices, son abnégation et la rigueur qu’il met dans son travail vont, sans nul doute, porter du fruit cette année.

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Written by African Risk Capacity Group

Specialized agency of the African Union providing comprehensive sovereign disaster risk solutions to build capacity, climate resilience & food security.

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